Les frères de Westmalle vivent selon la règle de Benoît. Cela signifie qu’ils doivent mettre la main à la pâte. Conformément à cette règle en effet, la communauté abbatiale doit assurer sa propre subsistance. De plus, prier ne suffit pas pour se rapprocher de Dieu. L’épanouissement spirituel passe tout autant par un travail qui a du sens. Mais à quoi ressemble le travail monastique aujourd’hui ? Jetons un œil dans l’abbaye.
De nos jours, la plupart des communautés abbatiales occidentales tentent de subvenir à leurs propres besoins. Il en allait autrement jadis : de nombreux moines mendiants vivaient de ce que les gens leur donnaient, comme c’est encore le cas aujourd’hui dans le bouddhisme. Pourtant, un texte ancien narre déjà l’histoire d’un nouveau venu dans une abbaye n’ayant aucune envie de travailler. Il se sent exalté et ne veut s’occuper que de choses spirituelles. Lorsque la faim le gagne et qu’il vient demander de la nourriture, l’abbé lui dit qu’il aurait dû travailler pour en obtenir. Il est clair que personne dans l’ordre n’est au-dessus du travail quotidien.
L’histoire de l’abbaye de Westmalle est caractérisée par le travail. Il exerce même un impact sur le paysage : après la fondation de l’abbaye en 1794, les moines ont transformé des landes et des marais de piètre qualité en terres fertiles. Si vous observez aujourd’hui l’environnement verdoyant qui entoure l’abbaye, vous remarquerez qu’il est le fruit de décennies de travail.
À l’heure actuelle, la brasserie est sans aucun doute l’activité la plus importante dans l’enceinte de l’abbaye. Elle n’offre pas seulement du travail aux frères, mais également à d’innombrables personnes de la région. Voilà comment la création d’emplois peut aussi être un travail qui a du sens. Par ailleurs, la brasserie démontre l’importance que la communauté attache à un bon équilibre entre le travail et les autres choses de la vie. Depuis 30 ans, la quantité de bière produite reste identique, même lorsque la demande la dépasse. Le travail doit lui aussi connaître sa place.
Outre la brasserie, l’abbaye de Westmalle abrite également une ferme, une fromagerie et une boulangerie. Ce qui pourrait vous pousser à penser que le travail y est toujours manuel. Ce type de travail est certes considéré comme un complément idéal aux activités spirituelles, mais d’autres tâches occupent également les frères. Ils effectuent par exemple des tâches administratives ou s’occupent de frères malades ou âgés.
De plus, la répartition du travail évolue au fil du temps. Par exemple, la communauté abbatiale compte moins de frères qu’auparavant. En moyenne, la charge de travail de chaque frère a donc fortement augmenté. Le travail à la brasserie par exemple est combiné avec des tâches à la bibliothèque, dans le gîte, en tant que prêtre, etc. Ce n’est pas toujours facile à gérer. C’est pourquoi, aujourd’hui, il est également fait appel à du personnel externe pour certaines activités. Songez par exemple à l’entretien des espaces verts autour de l’abbaye.
Le travail à l’abbaye ne se limite d’ailleurs pas à l’entretien ou à la production. Les moines ont également la possibilité d’être créatifs et de développer pleinement leurs intérêts personnels – ce que Benoît soulignait par ailleurs. Au sein de l’abbaye de Westmalle, la créativité abonde dans divers domaines : architecture, arts mineurs, dessin, peinture… Des activités que les frères aiment partager entre eux et qui aboutissent plus d’une fois à des œuvres d’art voire des plans architecturaux par exemple.
La règle de Benoît est parfois décrite comme « ora et labora », qui signifie « prier et travailler ». Bien que ce résumé soit quelque peu succinct, il montre clairement l’importance du travail pour tous ceux qui suivent sa règle – y compris les frères de Westmalle. Mais il est évident que le terme « labora » peut être interprété au sens large. Du travail manuel au soin des malades, du travail de bureau à l’activité créatrice, ce sont autant de voies vers la croissance spirituelle et la Parole de Dieu.